Quantcast
Channel: L'illustré - Famille
Viewing all articles
Browse latest Browse all 420

Succession Hallyday: l'enfer en héritage

$
0
0
Dukas
Les défenseurs de Laura Smet sont trois: (de g. à dr.) Mes Temime, Ravanas et Sur.
Justice

Devant le tribunal, vendredi, les avocats de Laura Smet et David Hallyday ont dépeint la veuve du rocker en manipulatrice. Cette bataille juridique autour de l’héritage du chanteur disparu est aussi une guerre de communicants.

En voulant prendre l’opinion à témoin dans son affaire d’héritage, la famille de Johnny en a fait l’otage d’un feuilleton où la méfiance le dispute à la haine et où l’argent est omniprésent. La guerre judiciaire et médiatique à laquelle se livrent Laura Smet, David Hallyday et leur belle-mère Laeticia ressemble à une succession d’épisodes tirée d’une série Netflix. Le Que je t’aime de Johnny serait devenu «Combien tu m’aimes?». Les protagonistes se détestent et s’autorisent désormais à le faire savoir, fût-ce par personne interposée.

Le tout est orchestré par une noria d’avocats, des requins parmi les plus cotés de Paris – pas moins de cinq pour les aînés du rocker – alors qu’en sous-marin s’activent des communicants. Ils distribuent aux médias les pièces du dossier arrangeantes et font intervenir les proches dont les témoignages sont destinés à réparer les dégâts d’image causés par la partie adverse.

Tous les coups sont permis. L’audience de vendredi dernier devant le Tribunal de grande instance de Nanterre en a apporté une preuve supplémentaire. Les avocats n’ont pas été avares en punchlines assassines.

il14_suite_johnny_16.jpg
Me Amir-Aslani (ci-dessus) défend seul Laeticia Hallyday, férocement attaquée par sa consœur Me Piccio (ci-dessous), l’une des deux avocates de David Hallyday.

il14_suite_johnny_17.jpg

Première à entrer en scène, Me Carine Piccio, l’avocate de David Hallyday, attaque Laeticia avec férocité. «On nous a accusés de traiter Mme Boudou de gangster et de sorcière, elle n’est pas tout ça. C’est une communicante hors pair et une sacrée manipulatrice. Elle manipule l’opinion publique. Depuis quinze jours, on assiste à un déballage médiatique sans précédent», dit-elle. Et d’ajouter: «La défense de la mémoire de Johnny: on avait peut-être ce point commun. Eh bien, non. Cette flopée de communicants, pour redorer le blason de Laeticia, vient ternir Johnny Hallyday. Elle ne supporte pas et surtout elle n’assume pas l’image que cette affaire renvoie d’elle.»

Me Piccio désigne systématiquement Laeticia Hallyday par son nom de jeune fille: Boudou. Une manière de l’ostraciser, de la faire apparaître comme issue d’un clan à la réputation sulfureuse. La presse les compare aux Tuche, et Johnny lui-même, dans ses jours sombres, surnommait sa belle-famille «les ploucs». Nommer Laeticia «Boudou», c’est aussi la volonté d’attester de l’intention première de la jeune femme. «L’histoire commence quinze mois après son mariage avec Johnny Hallyday, ajoute l’avocate, où un premier testament d’une série de six réduit la part des enfants au maximum à la réserve héréditaire. C’est le premier barrage pour arriver à une exhérédation totale.» Laeticia serait une mante religieuse calculatrice et Me Piccio compte bien lui arracher les pattes afin qu’elle lâche le magot.

Dynamiter l’image de Laeticia

Quant à «salir la mémoire de Johnny», l’avocate fait allusion à l’interview de Sébastien Farran, le dernier manager du rocker. Il s’est exprimé en faveur de Laeticia dans Le Journal du dimanche. Il a aussi évoqué les derniers jours de Johnny, précisant qu’il s’était battu comme un lion, mais que soudainement diminué, amaigri, il était incapable d’aller seul aux toilettes. A ceux-là s’ajoutent les propos du beau-père de Laeticia, André Boudou, parus dans L’Express. Lorsqu’il a connu le chanteur, ce dernier «était alcoolique, drogué et criblé de dettes». Le clan Boudou l’aurait donc sauvé d’un sort funeste.
Pour comprendre le calcul des avocats de Laura et David, il faut se souvenir que Laeticia est apparue en veuve admirable, en mère Courage, déchirée par le chagrin mais droite et digne, à l’occasion de l’hommage national rendu à son défunt mari le 9 décembre 2017. La jeune femme et ses deux filles avaient attiré toute la sympathie du public. Cette séquence scellait l’image exemplaire qu’ils allaient s’employer à dynamiter.

«Johnny a voulu protéger Laeticia»

Ainsi, lorsque David et sa sœur ont appris qu’ils étaient écartés du testament de leur père, la stratégie des hommes de loi a consisté à retourner l’opinion par le biais d’une lettre signée Laura, adressée à son père, publiée le 12 février par le biais de l’AFP. La missive a instillé le doute. Laura devait-elle vraiment se cacher pour voir son père qui ne lui lègue rien? Me Emmanuel Ravanas – l’un des trois mousquetaires de la comédienne – en a lu des extraits vendredi. Ce texte de la fille à son père visait à faire pleurer la France. Il fallait que l’opinion se retourne, qu’elle lâche Laeticia au profit de Laura afin que la guerre juridique qu’ils amorçaient ait un sens et une vibrante légitimité.

Voilà pourquoi cette affaire est aussi une formidable guerre de communication. Pour Laura et David, le terrain devenait favorable puisque dans l’esprit du public et en droit français, on ne déshérite pas ses enfants. Sylvie Vartan, Eddy Mitchell et Nathalie Baye sont entrés dans l’arène pour le rappeler.
La justice devra trancher une question centrale: Johnny était-il résident français ou américain? Dans la première hypothèse, Laura et David auront droit à leur part du gâteau. «Johnny est une partie de la France, c’est un destin français», n’a cessé de marteler Me Emmanuel Ravanas.
Et Laeticia? Face au feu nourri du banc adverse, son avocat, le distingué Me Ardavan Amir-Aslani, a fait jouer les violons: «Ma cliente a été traînée dans la boue. Cette femme est meurtrie. On veut l’asphyxier.» Très vite, il a recentré le débat: «On veut vous raconter une histoire, celle d’un homme fragilisé qui aurait été accaparé par sa belle-famille à la seule fin de dilapider sa fortune. Moi, je vais vous parler de la réalité. Johnny a voulu protéger Laeticia et ses plus jeunes filles, Jade et Joy. Les dispositions vont effectivement dans une seule direction, vers sa femme. Est-ce immoral? Ce n’est pas à moi d’apprécier. C’était la volonté de l’artiste.»

Un train de vie garanti…

Une volonté qui passe par le trust JPS (pour Jean-Philippe Smet) mis en place par ses soins et signé de sa main le 24 juillet 2014. Ce montage financier complexe voulu par le chanteur fait l’objet d’un épais document. Il assure que «le standing de Laeticia doit rester conforme au niveau de vie auquel Johnny et elle étaient habitués». Elle percevra sa part quoi qu’il arrive, sous forme de versements échelonnés une fois par mois. On comprend mieux le zèle des avocats de David et Laura et pourquoi il était urgent de clarifier les détails de ce trust – il y en aurait trois en réalité – qui détient l’héritage de Johnny. «Une fois constitué, vous êtes devant un coffre-fort», constatent-ils. Cette mécanique complexe gérée par une banque américaine est une forteresse inattaquable.

Un album très attendu

Au registre des amabilités, Me Amir-Aslani a fini la journée en rappelant le passé trouble de Laura Smet et la présence toujours bienveillante de Laeticia à ses côtés «lorsqu’elle était en garde à vue» ou «internée à Sainte-Anne». Ces propos ont fait monter la tension d’un cran. «C’est honteux d’aller sur ce terrain-là, proprement scandaleux», a grondé le conseil de Laura, Me Hervé Temime.

Reste l’album posthume que les aînés Smet-Hallyday demandent à écouter. David veut s’assurer que la voix de son père n’a pas été dénaturée. Me Eric Lauvaux, le conseil de Warner Music, a exprimé son désarroi: «Nous avons l’impression d’être otages d’un contentieux qui nous dépasse.» La firme discographique se soucie de préserver le potentiel d’un disque éclaboussé par le scandale. Selon le magazine français L’Express, elle se serait adjoint les services de l’agence de la célèbre conseillère en communication Anne Hommel – DSK et Jérôme Cahuzac ont été ses clients. Warner a concédé à Laura et David la possibilité d’écouter le disque mais sans droit de regard. «Johnny a signé une lettre validant la commercialisation de l’album avec dix titres. Il souhaitait que l’on ajoute des violons et des chœurs, cela a été fait en janvier», avance Me Lauvaux. L’entreprise qu’il défend a dépensé des centaines de milliers d’euros – on parle de 1 million –, elle attend un juteux retour sur investissement à condition que le public ne boude pas.

Le 17 mars dernier, les titres des 10 chansons ont fuité: Mon pays c’est l’amour, Made in rock’n’roll, Back in L.A., L’Amérique de William, Pardonne-moi, Je ne suis qu’un homme, Un enfant du siècle, Tomber encore, 4 m2 ou encore J’en parlerai au diable dont voici un extrait des paroles: «J’en parlerai au diable, il saura m’écouter, m’asseoir à sa table et dire la vérité…» Pour connaître celle des juges, on attendra le vendredi 13 avril.

Nos derniers articles en ligne: Un Dallas à la françaiseAprès les larmes, la bataille juridique, Laeticia, sa promesse à Johnny

Flux: 


Viewing all articles
Browse latest Browse all 420

Trending Articles