Quantcast
Channel: L'illustré - Famille
Viewing all articles
Browse latest Browse all 420

L'exil doré des enfants Kadhafi

$
0
0
Family album/AFP Photo
En septembre 2011, Hannibal Kadhafi et sa femme Aline donnaient l’impression d’être un couple uni et amoureux alors que quelque temps auparavant, l’irascible mari avait envoyé sa moitié à l’hôpital après l’avoir boxée.
Enquête

Sept ans après la mort du leader libyen et la chute de son régime, ceux qui restent de ses huit enfants biologiques et deux adoptifs se font oublier dans un palais du sultanat d’Oman ou même à Tripoli. Revue d’effectifs d’une fratrie dispersée mais loin d’être malheureuse.

On a souvent évoqué le cimetière, la prison ou les prétoires pour décrire la vie d’après des enfants de Mouammar Kadhafi. Foutaises. La plupart d’entre eux ont certes été contraints à l’exil mais n’ont guère à se plaindre de leur sort, compte tenu des charges qui pèsent sur eux. Annoncés comme morts, certains seraient même tranquillement planqués à Tripoli. On va jusqu’à évoquer le retour au premier plan de Saïf al-Islam, l’aîné de la fratrie que le dictateur pressentait comme successeur. Quant à Safia, la matriarche, qui a mis en demeure l’ONU de l’aider à retrouver la dépouille de son mari, elle veille paisiblement sur ses enfants et petits-enfants comme toutes les grands-mères du monde. Preuve que Kadhafi ne rime pas forcément avec puni. Inventaire.

1. Aïcha, volcan toujours en éruption

aisha.jpg
Aïcha, la seule fille biologique du leader libyen. Photo: AFP Photo

«Œil pour œil, dent pour dent.» Ces mots vengeurs lancés en juillet 2008 à Genève par l’éruptive Aïcha Kadhafi à l’adresse des autorités suisses sont encore dans toutes les mémoires. Ce jour-là, la seule fille biologique du dictateur était venue clamer la colère de sa famille après qu’Hannibal, son turbulent petit frère, eut passé deux nuits au violon pour avoir maltraité des domestiques. Sottement surnommée la Claudia Schiffer des sables parce qu’elle teint ses cheveux en blond, l’avocate internationale, aujourd’hui âgée de 42 ans, a fui en Algérie en compagnie de sa mère, d’Hannibal et de son demi-frère, Mohamed. Après avoir accouché d’une fillette en chemin, celle que l’ONU avait eu la bonne idée d’élever au rang d’ambassadrice de bonne volonté s’installa avec les siens dans une résidence d’Etat mise à disposition par le président Bouteflika. Mais le naturel revenant au galop, la pasionaria reprit ses foucades, demandant la peau des traîtres, la vengeance pour les martyrs, la mort de l’OTAN et de Nicolas Sarkozy contre qui elle déposa une plainte pour crimes contre l’humanité. Ayant réussi à convaincre la Cour de justice de l’Union européenne de lever son interdiction de voyager en 2016, Aïcha coule désormais des jours heureux à Mascate, dans un palais du sultanat d’Oman, où elle a obtenu l’asile politique, entourée d’une partie de sa famille.

2. Hannibal sommé de se tenir à carreau

Personne non plus n’a oublié l’irascible Hannibal Kadhafi, coupable, avec son épouse libanaise Aline, d’avoir bastonné et tailladé leurs domestiques, un Marocain et une Tunisienne, dans une suite de l’Hôtel Président Wilson, à Genève. Dix ans après, celui qui dévalait les Champs-Elysées en état d’ébriété à 140 km/h à contresens et qui boxait sa femme dans de luxueux hôtels londoniens fait moins le malin, si l’on peut dire. Le cinquième enfant du raïs, 40 ans cette année, a été prié de mettre ses frasques judiciaires et ses fêtes arrosées en sourdine par le sultan d’Oman, qui lui a également accordé l’asile.

3. Le mystère Saïf al-Islam

il16_kadhafi4.jpg
Photo: EPA

La confusion est totale sur le sort de Saïf al-Islam Kadhafi, 46 ans, aîné des sept enfants que l’autocrate libyen a eus avec sa deuxième femme. Après avoir fui sous l’apparence d’un éleveur de chameaux et été arrêté, celui que le Guide désignait comme son successeur a été condamné à mort par contumace en juillet 2015 puis récemment libéré et amnistié, selon des milices. Mieux, malgré un mandat d’arrêt lancé à son encontre par la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité, voilà que, en décembre dernier, on lui prêtait l’intention de se présenter à une élection présidentielle en Libye qui pourrait se tenir cette année.

On le dit planqué à Zentan, dans le nord-ouest du pays, ou à Tobrouk, voire à l’étranger. Le mystère reste entier.

4. Mohamed, le discret

il16_mohammed1.jpg
Photo: AFP Photo

Né en 1970 du premier mariage du colonel et fils unique du couple qui a divorcé la même année, Mohamed Kadhafi est l’autre aîné de la tribu, d’une certaine manière. Aussi influent que discret, l’ex-président des télécommunications et du Comité national olympique libyens, capturé par les rebelles le 21 août 2011, a réussi à s’échapper une semaine plus tard et à fuir en Algérie. En 2013, il aurait reçu l’asile politique à Oman, où il vivrait avec sa famille.

5. Milad, l’invisible

De l’autre fils adoptif du leader, le très discret Milad Abouztaïa, qui serait aussi son neveu dit-on, on sait très peu de choses, si ce n’est qu’il aurait sauvé le colonel lors du bombardement américain du 14 avril 1986, attaque qui aurait prétendument tué Hana. On ignore même son âge et le lieu où il pourrait résider.

6. Le chemin de Hana passe par la Suisse

il16_hana1.jpg
Déclarée comme tuée par un raid américain sur la résidence du leader libyen, en 1986, Hana, la fille adoptive du Guide, serait en réalité vivante, comme semble le démontrer ce cliché pris à Tripoli en 1996. Photo: Lino Azzopardi/AFP Photo

Officiellement, Hana Kadhafi, la petite orpheline que le Guide aurait lui-même recueillie après le décès de ses parents palestiniens, est morte à l’âge de 6 mois, en 1986, lors du bombardement de la résidence du colonel par les Américains. La vérité serait pourtant tout autre. Selon des sources plus ou moins vérifiables, l’enfant préféré du dictateur serait en fait sa fille adultérine et bien vivante. D’après un témoin cité en 2011 par le très sérieux journal allemand Welt am Sonntag, Hana serait médecin et vivrait toujours à Tripoli. «En Libye, le fait qu’elle a étudié à la faculté de médecine de Tripoli est un secret de Polichinelle», affirme Die Welt. A l’époque, le journal avait obtenu une copie d’un document sur les avoirs suisses de Kadhafi gelés dans le cadre des sanctions internationales. Une liste de 23 membres du clan sur laquelle le nom de Hana Kadhafi figure en septième position, avec une date de naissance, le 11 novembre 1985. Cité par le média, un porte-parole du gouvernement suisse aurait déclaré: «Il y a des raisons pour lesquelles ce nom est sur la liste mais nous ne les rendrons pas publiques.»

7. Khamis et 8. Saïf al-Arab, morts ou vivants?

capture_decran_2018-04-17_a_16.02.00.png
Le 23 août 2011, Saïf al-Islam Kadhafi faisait le V de la victoire devant la résidence familiale assiégée. Sept ans plus tard, l’aîné de la fratrie est perçu comme le grand favori de la prochaine élection présidentielle depuis l’annonce des ennuis de santé du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen. «Tué» en août 2011, Khamis, ex-patron des forces spéciales, aurait été aperçu sur une vidéo récente. Photos: Imed Lamloum/AFP Photo, Libyan TV/AFP Photo

Des doutes persistent également à propos de la mort présumée de deux autres fils de Kadafhi: Saïf al-Arab, le sixième de la fratrie, né en 1980, et Khamis, le benjamin, de trois ans son cadet. Du premier, simple officier formé en Allemagne chargé de réprimer la rébellion à Benghazi, on a dit qu’il avait été tué avec ses trois enfants par une frappe aérienne de l’OTAN sur sa maison, le 30 avril 2011, dix jours après la mort de son père. Mais en 2013, il Cavaliere Silvio Berlusconi en personne, qui cultivait des liens particuliers avec le clan Kadhafi lorsqu’il était président du Conseil des ministres italien, avait lui-même exprimé des doutes sur la question, ajoutant que «même la mort des petits-enfants semblait infondée».

Quant à Khamis, commandant de l’unité d’élite des forces spéciales, surnommée Brigade Khamis, annoncé tué par les insurgés en août 2011 à Tarhouna, à 90 km au sud-est de Tripoli, il aurait refait son apparition selon des témoins cités par le magazine français Le Point, lequel assure qu’une vidéo récente de la télévision nationale libyenne le montre bien vivant en uniforme militaire.

9. Mouatassim, liquidé à Syrte

il16_kadhafi8.jpg
Mouatassim a été retrouvé mort à Syrte le même jour que son père. Photo: AFP Photo

Personne n’a en revanche mis en doute la mort dans des circonstances qualifiées de troubles de Mouatassim Kadhafi, né en 1975, médecin et principal concurrent de Saïf al-Islam pour succéder au colonel. Le corps de celui que le Guide avait promu à la tête du Conseil de sécurité nationale et de sa propre unité d’élite, puis écarté à la suite de soupçons de tentative de putsch, avant de le réhabiliter peu avant le début de l’insurrection du peuple libyen, a été retrouvé à Syrte, une balle dans la tête et amputé d’une main, quelques heures après la mort de son père.

10. Saadi, la tête brûlée

il16_kadhafi5.jpg
Saadi, le frère cadet, «footballeur», extradé par le Niger en 2014, accusé du meurtre d’un entraîneur, a été acquitté il y a deux semaines malgré des preuves accablantes. Photo: Pool-Libya Prisons Communication Unit/Anadolu Agency/Getty Images

C’est d’abord en tant que footballeur que Saadi Kadhafi, né en 1973 et troisième de la famille, a défrayé la chronique. Engagé en 2003 par l’AC Pérouse, club de première division italienne, il a écopé de 8 mois de suspension pour dopage. Pour l’occuper, son père l’avait ensuite nommé à la tête de la Fédération libyenne de football et enrôlé dans l’armée. Réfugié à Niamey, au Niger, après la chute du régime, il a été remis aux autorités libyennes en 2014 contre, dit-on, une rançon de 200 millions de dollars. Accusé du meurtre d’un entraîneur de foot à Tripoli, en 2005, il a finalement été innocenté et acquitté le 3 avril dernier, malgré des preuves et des témoignages accablants.

Flux: 


Viewing all articles
Browse latest Browse all 420

Trending Articles