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Roger Federer,
 la plénitude

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Dukas
Le champion, entouré de ses quatre enfants, profi te du soleil sur la plage de Miami, lundi 20 mars. Au lendemain de sa victoire à Indian Wells, l’homme aux 18 titres du Grand Chelem a atterri en Floride.
En famille

Au lendemain de sa victoire à Indian Wells, le champion savourait en toute décontraction une journée à la plage en famille. Jamais Federer n’était apparu aussi détendu et serein. Comment fait-il? Décryptage d’un incroyable retour.

Il paraît que les blessures ne surgissent jamais par hasard. Qu’elles rappellent au corps et à l’esprit de se reposer. Rarement Roger Federer aura paru aussi en forme et détendu, proche des gens, disponible pour ses fans. Il y a quelques jours, sur la plage de Miami, le Bâlois a enchaîné les selfies avec ses admirateurs, souriant et décontracté, entre deux roulades dans le sable incognito avec ses enfants. Avant ça, ceux qui le suivent sur les réseaux sociaux l’ont découvert en chanteur de boys band à Indian Wells, aux côtés des joueurs Grigor Dimitrov et Tommy Haas. Quelques jours plus tard, le champion se prêtait au jeu d’une conférence de presse menée par les enfants d’une école, avant de lancer une série de pompes collectives.


Sur une plage de Miami, Roger Federer joue avec ses enfants. L'image d'un bonheur parfait, en dehors des courts mais également dessus! Photo: Dukas

L’Américain Rosecrans Baldwin, auteur de l’interview du champion suisse qui fait la une du prestigieux magazine GQ, a aussi été surpris par son esprit libéré et bon enfant. «Je l’ai rencontré dans les Grisons, cinq jours après sa victoire à l’Open d’Australie, nous explique-t-il. Il est venu me chercher à mon hôtel de Valbella et on est allés manger une raclette ensemble. C’était son idée. J’ai été frappé par son tempérament facile à vivre. La plupart des personnalités que j’interviewe se construisent un personnage ou restent sur la retenue. Roger était complètement lui-même, spontané, comme n’importe quel type ordinaire. Soit c’est un très bon acteur, soit il a suffisamment les pieds sur terre pour avoir résisté aux pièges de la célébrité.»

S’arrêter pour mieux gagner

A bientôt 36 ans, Roger Federer est plus qu’un athlète. C’est une icône, un mythe vivant, un des rares sportifs, à l’image d’un Michael Jordan ou d’un Mohamed Ali, à faire l’unanimité aux quatre coins du monde. «Je suis impressionné par sa fraîcheur mentale, analyse Yves Allegro, coach principal à Swiss Tennis et ami proche de Rodgeur. Il s’éclate comme un gosse. J’ai l’impression de voir les jeunes que j’entraîne. Il aime le tennis comme un gamin. On perçoit chez lui une forme d’insouciance, de sérénité, presque de plénitude. Après vingt ans de carrière, c’est fort d’avoir ces ressources-là.» Roger Federer l’avait annoncé dès ses premiers coups de raquette en Australie fin décembre dernier. De retour après six mois d’absence pour soigner ses blessures au dos et à un genou, le Bâlois parlait déjà d’une pause salutaire. «C’était la meilleure période pour le faire. Je voyage avec ma famille toute l’année. C’était agréable de pouvoir passer du temps avec eux au même endroit, de se poser et de retrouver une forme de routine. Ce début d’année s’annonce unique.» Des paroles quasi prophétiques quand on connaît la suite: un 18e trophée du Grand Chelem soulevé à Melbourne le 29 janvier, puis cette victoire à Indian Wells, dans la foulée. Sous le soleil du désert californien, le Suisse a décroché son 90e titre, un 25e Masters 1000 pour égaler Novak Djokovic, seul quintuple vainqueur du tournoi jusque-là. A 35 ans et 7 mois, le Bâlois est aussi devenu le plus vieux gagnant d’un Masters 1000. Un record détenu depuis 2004 par Andre Agassi, lauréat à Cincinnati à l’âge de 34 ans. Roger Federer a signé 14 victoires en 15 matchs depuis le début de l’année. Et si cette première vraie parenthèse en près de vingt ans de carrière avait offert au champion un nouveau tremplin? «Ce break était visiblement une très bonne idée, explique Yves Allegro. Je pense même que ça a fait réfléchir quelques entraîneurs et jeunes joueurs sur les bénéfices que peuvent apporter des pauses comme celle-ci. Cela démontre qu’il est souvent payant de s’arrêter et de prendre un peu de recul sur sa carrière, surtout quand elle dure, comme celle de Federer, depuis autant d’années. Ces périodes sont importantes pour le physique comme pour le mental. J’explique souvent à mes jeunes qu’en ne s’entraînant pas, on progresse aussi.»


Daddy cool. Avec l’une de ses jumelles. Difficile de savoir s’il s’agit de Myla Rose ou de Charlene Riva. Les aînées du couple Federer fêteront leurs 8 ans en juillet prochain. Photo: Dukas

S’il a été contraint de s’arrêter en juillet dernier à cause de ses blessures, le Suisse a en revanche choisi volontairement de prolonger sa pause jusqu’à la fin de la saison. Chez les tennismans, ces périodes d’arrêt s’organisent en plusieurs phases, selon Yves Allegro. Un temps de repos d’abord, puis la guérison de la blessure, et enfin la reconstruction physique. «A ce niveau-là, quand on ne s’entraîne pas pendant quelques semaines, la musculature en pâtit très vite. Puis il y a la partie technique et tactique qui prend son importance au fur et à mesure que les compétitions approchent. Rodgeur a pris le temps de faire sur six mois ce que la majorité des joueurs font en cinq ou six semaines à la fin de leur saison. Il a donc eu plus de temps pour se reposer, plus de temps pour se reconstruire et plus de temps pour travailler son tennis», analyse le coach valaisan.

Plus de temps pour affûter son mental aussi. «La confiance dépend forcément du physique, explique Alain Meyer, psychologue du sport. Federer connaît son corps par cœur. Les sportifs de ce niveau savent exactement ce que telle ou telle sensation signifie. Il est revenu en janvier au top de sa forme physique. L’expérience et le mental ont suivi. Ce qui me frappe toujours en l’observant, c’est sa capacité à rester dans le moment présent, dans la pleine conscience. Il prend chaque point l’un après l’autre. Lorsqu’il frappe un deuxième service, il n’est pas en train de penser au premier qu’il a raté ou à une éventuelle double faute. Il pense à frapper ce service du mieux possible. Essayez de regarder un match de Federer sans allumer le son: c’est souvent impossible de savoir s’il a remporté ou perdu le point, tant il exprime peu ses émotions sur le terrain. C’est pour ça qu’il explose pareillement à la fin quand il gagne. C’est l’une de ses grandes forces.»

Reconquérir son jardin


Oui, ce début d’année est unique. Au point de dérouter jusqu’à Roger Federer lui-même. Ses victoires lui ont permis de passer de la 17e à la 6e place du classement ATP. «Le plan n’était pas de gagner l’Australie et Indian Wells. Le plan était de figurer dans le top 8 de l’ATP avant Wimbledon…» lâchait-il au lendemain de sa finale en Californie. Roger Federer peut-il redevenir No 1 mondial? La question agite déjà la planète tennis. «Bien sûr que ce serait extraordinaire qu’il redevienne No 1 mondial à bientôt 36 ans, s’enthousiasme Yves Allegro. Il marquerait encore un peu plus l’histoire. Mais je pense que son but, avant tout, est de remporter un 19e Grand Chelem. Sa priorité sera de reconquérir son jardin de Wimbledon en juillet.»


Sur le circuit, Roger Federer est l’un des rares joueurs à voyager avec sa famille au complet. Photo: Dukas

Le Bâlois a expliqué réfléchir à son calendrier pour la saison à venir sur terre battue. La semaine dernière, le Suisse ne figurait pas sur le tableau dévoilé par le tournoi de Monte-Carlo, organisé du 15 au 23 avril prochain. Ses objectifs ne sont désormais plus les mêmes après ce début d’année riche en succès. «Je prends tellement de plaisir sur les courts. Je vis un conte de fées», confiait récemment le champion. Peu importe le parcours de Roger Federer ces prochains temps, son début de saison a d’ores et déjà marqué l’histoire.

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