
Oesch’s die Dritten, groupe bernois, familial et folklorique dont elle est la soliste, fête ses 20 ans. Rencontre avec Melanie Oesch, chanteuse et yodleuse, la plus jolie voix du folklore.
Elle a les yeux verts, tendres et lumineux comme l’herbe au printemps, la beauté fraîche et naturelle d’une petite pomme des moissons. Melanie Oesch, 30 ans, est venue avec le sourire, les dents blanches comme la neige aux sommets, annoncer la riche année du groupe dont elle est la délicieuse chanteuse soliste. Pour Oesch’s die Dritten, 2017 sera l’année d’une grande tournée qui, de Pontresina à Genève, fêtera les 20 ans du groupe bernois que la yodleuse forme avec ses parents et ses deux frères.

Tradition familiale
C’est en décembre 1997, le soir de ses 10 ans, que Melanie se produit en public pour la première fois. «Mais j’ai commencé à chanter à l’âge de 5 ans. Ce n’est pas extraordinaire dans ma famille. Mon grand-papa Hans était un accordéoniste très réputé, qui a joué à travers tout le pays avec son trio et avec mon papa; ils jouaient régulièrement. J’aimais beaucoup quand ils venaient répéter à la maison parce qu’on pouvait se coucher un peu plus tard. Du côté de ma maman aussi, la musique en famille est une tradition.»

Et dans ce concert de traditions, le yodel est un art à nul autre pareil, un très ancien chant de berger pour appeler son troupeau, une sorte de vocalise qui inspira à Tarzan son célèbre cri, une technique aussi et surtout que Melanie possède avec une virtuosité qui laisse justement sans voix. «Enfant, je rêvais déjà de yodler. Mon papa m’a appris certains trucs mais je me suis beaucoup entraînée toute seule, pendant des heures! Il y a en Suisse cinq techniques pour le yodel, certaines que l’on peut apprendre. Il y a plusieurs écoles mais je trouve que ce qu’on y apprend est toujours un peu mécanique. Je voulais trouver ma façon à moi, mon propre «coup de langue». Le yodel, c’est un peu comme le ski, tout le monde peut en principe y arriver mais certains sont plus doués que d’autres...»
Petite entreprise
Dix ans plus tard, en 2007, la famille Oesch décroche le premier prix du Musikantenstadl, un prestigieux concours produit par les télévisions suisse, autrichienne et allemande. Et, d’un jour à l’autre, une activité qui avait d’abord été partagée comme un hobby est devenue toujours plus prenante. Hansueli, le père, a abandonné son travail à la ferme. Annemarie, son épouse, celui d’infirmière. Du côté des enfants, Mike, né en 1989, le bassiste du groupe, ancien skieur de compétition, a renoncé à son travail d’employé de commerce. Enfin, Kevin, né en 1990, a abandonné celui d’installateur en chauffage pour la guitare à plein temps. A 20 ans, Melanie s’était rêvée journaliste et a écrit quelques articles culturels pour le journal de Thoune. Mais c’est son emploi à la Poste auquel elle renonce pour laisser la place au succès et à ses obligations.

«Entre les répétitions et les concerts, nous sommes sur la route deux cents jours par année. C’est ainsi que nous sommes devenus une petite entreprise. Nous avons appris nous-mêmes, engagé quelques personnes, mais nous nous efforçons de rester les plus indépendants possible.» A la question de savoir s’il n’est pas difficile parfois de travailler en famille la semaine et les week-ends, Melanie répond dans un sourire irrésistible: «Bien sûr que l’on s’engueule parfois, comme dans toutes les familles. Mais il y a aussi des avantages comme, par exemple, de pouvoir se comprendre sans avoir besoin de mots.»

Triomphe en Romandie
Preuve de leur bonne entente: Melanie habite toujours la maison familiale en dessus de ses parents et de sa grand-maman. «C’est à dix minutes de Thoune et à une demi-heure de Berne; pour moi, c’est tip-top.» Parce que c’est aussi la campagne. «J’ai vraiment besoin de la nature, de la forêt, du calme pour me ressourcer», dit-elle en précisant sur son site internet qu’elle n’aime rien tant manger que «toutes les sortes de pâtes, le gâteau aux pommes et la soupe aux pommes de terre maison avec du Gruyère. C’était déjà mon plat préféré quand j’étais enfant. L’important, c’est d’être à la maison où je peux être juste Melanie...»

Le roi du fromage rapproche le groupe bernois de Suisse romande où Oesch’s die Dritten pourrait triompher cette année. Concerts annoncés à La Chaux-de-Fonds, puis deux soirs à Yvonand avant un grand concert au Casino de Genève. «J’aime beaucoup la Suisse romande, les gens sont très ouverts. A nos concerts, les gens sont plus jeunes qu’en Suisse alémanique, les générations se mélangent davantage, comme dans notre groupe.»
En 2013 à Colombier-sur-Morges, la famille Oesch s’était produite dans le cadre de la 14e Cantonale des jeunesses campagnardes. «L’ambiance a vraiment été extraordinaire, incroyable, tellement forte qu’on y a enregistré le concert pour notre disque live. C’est aussi pour ça que nous avons enregistré quatre titres en français (dont Butterfly, un tube oublié de Danyel Gérard) sur Jodelzirkus, neuvième et dernier disque (tous disques d’or). Le «cirque du yodel» pour réunir toutes les générations, mélanger les publics ainsi que la famille s’en réjouit sur la pochette: «Car le yodel rassemble tout le monde: les jeunes et les moins jeunes, les adultes et les enfants, tous réunis autour de la palette de rythmes et de sonorités… Nous vous invitons à rire, à découvrir, à jouer, à philosopher, à papoter, à danser, à chanter et bien sûr à yodler...»
Tournée Oesch’s die Dritten en Suisse romande: le 11 février à La Chaux-de-Fonds; les 18 et 19 février à Yvonand; le 31 mars à Genève; le 1er avril à Champéry. Toutes les dates sur www.oeschs-die-dritten.ch