Gigi Hadid (à dr.) et sa soeur Bella en marge du défilé Victoria's Secret, le 30 novembre dernier à Paris.
Mode
Quand on jette un coup d'oeil aux collections de prêt-à-porter printemps-été 2017, on s'aperçoit que Bella et Gigi Hadid sont devenues incontournables.
Par Agence AFP
Qui va arrêter les soeurs Hadid? Gigi et Bella ont été ominiprésentes dans les campagnes dédiées aux collections de prêt-à-porter pour la saison printemps-été 2017, prêtant leur image à des marques comme Fendi ou Moschino. Ce phénomène devrait perdurer tant les deux jeunes femmes semblent régner sur la fashion sphère, toujours plus sollicitées d'une saison à une autre.
En 2015, les soeurs Gigi et Bella Hadid se promenaient encore relativement incognito dans les coulisses du Grand Prix de Monaco de formule 1. Aujourd'hui, elle provoqueraient une émeute! Photo: Getty Images
Le mannequinat est une affaire de famille chez les Hadid. Yolanda Hadid, la mère de Gigi et Bella, a elle aussi commencé par le mannequinat. Une passion qu'elle a - semble-t-il - transmise à ses enfants. On connaît déjà le succès rencontré par les deux soeurs, mais leur frère Anwar Hadid, 17 ans, s'est lui aussi lancé dans la mode pour le plus grand plaisir des marques.
Omniprésence
Difficile de passer à côté du duo Gigi et Bella Hadid. Déjà ultra-sollicitées en période de fashion week, avec des défilés pour des maisons comme Tommy Hilfiger, Victoria's Secret, Balmain, Versace, Chanel, Elie Saab ou encore Givenchy, les soeurs Hadid règnent également sur les campagnes publicitaires. Alors que les marques n'ont pas encore toutes dévoilé leur dispositif publicitaire pour la saison printemps-été 2017, Bella Hadid apparaît déjà dans les campagnes de DKNY, Zadig & Voltaire, Moschino et Fendi, alors que Gigi a été enrôlée par Moschino, Fendi, Dsquared2, Tommy Hilfiger, Stuart Weitzman ou encore Max Mara.
Bella Hadid dans la campagne DKNY printemps-été 2017, signée Collier Schorr. Photo: Coller Schorr for DKNY
Difficile pour les autres top-modèles - même les plus célèbres - de suivre cette cadence. Anna Ewers, qui est elle aussi très sollicitée, a prêté son image à Versace, Alexander Wang et Isabel Marant. Une très bonne saison en somme, mais bien loin derrière Gigi et Bella, qui cumulent pour le moment dix campagnes à elles deux.
Notons tout de même la percée de la top-modèle italienne Vittoria Ceretti. Déjà très présente sur les podiums, la brune discrète aux 81.700 abonnés sur Instagram (contre 29,2 millions pour Gigi Hadid et 10,5 millions pour Bella Hadid) tire son épingle du jeu avec des campagnes pour Zara, Alexander McQueen, Fendi, Bottega Veneta, Givenchy, et Alberta Ferretti pour la seule saison printemps-été 2017. Une concurrente de taille donc pour les deux Américaines.
Hailey Baldwin (Guess), Kendall Jenner (La Perla), Joan Smalls (Michael Kors, Bottega Veneta), Jasmine Tookes (Liu-Jo), ou encore Stella Maxwell (Jeremy Scott, Roberto Cavalli) font également partie des jeunes mannequins qui séduisent marques et créateurs.
Les trentenaires font de la résistance
Si la jeune génération de mannequins semble s'être installée confortablement sur le devant de la scène, les top-modèles qui ont passé la trentaine n'ont pas pas dit leur dernier mot. Loin de là. En témoignent les campagnes réalisées par Lily Aldridge, 31 ans, qui a posé pour Theory, Carolina Herrera, et Salvatore Ferragamo. Miranda Kerr, 33 ans, a quant à elle mis ses courbes parfaites au service de Marella.
Balmain a également fait appel à un trio de sublimes trentenaires - Doutzen Kroes, Natasha Poly et Isabeli Fontana - pour sa campagne printemps-été 2017, quand Givenchy Jeans s'est attaché les services de Naomi Campbell, 46 ans et une silhouette de rêve.
Nombreuses sont les célébrités à avoir connu l'aventure d'être parents avant 20 ans. Chanteur, acteur ou modèle, aucune profession n'est exclue. On commence avec Natalia Vodianova. Le mannequin d'origine russe a accouché de son premier garçon à l'âge de 19 ans. Aujourd'hui maman de cinq enfants, son dernier fils est né récemment de sa relation avec Antoine Arnault (fils du fondateur de LVMH).
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Jamie Lynn Spears. À seulement 16 ans, la petite soeur de Britney a donné naissance à sa fille prénommée Maddie. Son fiancé et elle se côtoyaient depuis à peine trois ans lorsqu'elle est tombée enceinte. Après de nombreuses séparations, le couple s'est rabiboché mais traverse encore des hauts et des bas.
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Neymar. Le footballeur brésilien du Barça n'a que 19 ans lorsqu'il devient père du petit David Lucca, âgé de 6 ans. C'est lors d'une conférence de presse qu'il surprend tout le monde en affirmant être le père de l'enfant d'une jeune fille âgée de 19 ans à l'époque.
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Whoopi Goldberg. Pas encore connue du grand public, l'actrice, débutante, enchaîne les petits boulots quand elle devient maman d'une petite Alexandrea à l'âge de 18 ans. Sa fille est également une mère précoce puisqu'elle a eu son premier enfant à 16 ans, faisant de Whoopi Goldberg une grand-mère à... 35 ans.
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Lou Doillon. En couple avec un musicien américain, la chanteuse accouche de son fils Marlo Jack Tiger à 20 ans déjà. Le couple se séparera peu de temps après sa naissance.
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Jane Birkin. L'actrice et chanteuse tombe enceinte de sa première fille, Kate Barry, à l'âge de 21 ans. Cette dernière, fille du compositeur anglais John Barry, s'est suicidée en 2013.
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Alizée. La chanteuse était dans sa 21ème année lorsqu'elle est devenue maman de la petite Anny-Lee, née de sa relation avec Jérémy Chatelain (ex-membre de la Star Academy 2), dont elle s'est séparée en 2012. L'an dernier, Alizée a épousé Grégoire Lyonnet.
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Sofia Vergara. À seulement 18 ans, l'actrice colombienne épouse son compagnon de l'époque, un certain Joe Gonzalez. Deux ans plus tard, elle accouche de leur fils unique, prénommé Manolo, puis le quitte. En 2015, l'actrice de "Modern Family" a épousé l'ancien footballeur américain Joe Manganiello.
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Snoop Dogg. À 22 ans, Snoop Doggy Dogg, de son vrai nom Calvin Broadus, devient pour la première fois papa d'un garçon au lycée. Le fiston en question, Corde Calvin, récidivera à son tour, faisant de notre rappeur un grand-père à... 46 ans.
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Tom Hanks. Le célèbre acteur devient père de Colin à 21 ans. Le garçon est né de la relation amoureuse de la star avec l'actrice Samantha Lewes. Le couple restera marié pendant dix ans.
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Niki Taylor. À l'âge de 19 ans déjà, la top modèle américaine des années 90 a laissé sa carrière de côté le temps de donner naissance à des jumeaux, prénommés Jake et Hunter.
En attendant l'arrivée de la maman, un jeune père fait danser son petit sur le célèbre titre Beat It de Michael Jackson. Voilà donc ce qu'il se passe quand un papa est seul avec son bébé...
Grâce à l'application mobile FaceTime, deux bébés prennent une folle joie à communiquer en vidéoconférence. On se demande bien ce qu'ils se racontent! En tout cas, ça a l'air sacrément drôle si l'on en juge par l'attitude des mamans.
Les membres du groupe The Atomics; Lucky Blue Smith, Daisy Smith, Pyper America Smith and Starlie Smith prennent la pose avant leur performance au théâtre The Roxy à West Hollywood, en Californie.
Mode
Le géant suédois présente sa nouvelle collection "H&M Loves Coachella", fruit de sa collaboration avec le célèbre festival musical, l'un des plus courus de la planète, dont l'édition 2017 se tiendra à compter du 14 avril prochain. La marque a fait appel au groupe The Atomics, porté par le mannequin Lucky Blue Smith, pour la campagne de cette nouvelle collection exclusive.
Par Elsa Thalmann
Mode et musique
Après la top-modèle et it-girl Hailey Baldwin l'an dernier, l'enseigne suédoise a fait d'une pierre deux coups en confiant sa campagne au mannequin et musicien Lucky Blue Smith à travers son groupe The Atomics, qui se produira d'ailleurs au festival Coachella à Indio (Californie).
The Atomics est composé de Lucky Blue Smith et de ses trois soeurs Pyper America, Starlie et Daisy Clementine. Le groupe pop-alternatif ne se contente pas d'incarner la collection dans la vidéo présentée par H&M, puisqu'il interprète également la chanson de la campagne : une reprise de "Let's Live For Today" de The Grass Roots.
Look de festivalier
Cette nouvelle ligne de prêt-à-porter fait la part belle aux matières et coupes girly pour la gamme féminine, et aux imprimés graphiques pour les hommes.
Parmi les essentiels, on trouve beaucoup de denim, décliné en mini-jupe, en short, en bermudas, en jeans, ou en veste, mais aussi une robe à bretelles spaghetti en dentelle noire, des robes nuisettes en dentelle à superposer avec des T-shirts signatures, des jupes plissées et des bodys. Le tout complété par de nombreux accessoires dont des lunettes en forme de coeur.
"La collection H&M Loves Coachella propose toutes les pièces idéales pour assister à un festival de musique, partout dans le monde", soulignent les membres de The Atomics.
Cette collection 2017 sera mise en vente dès le 30 mars prochain dans tous les magasins H&M dans lesquels sont proposées les collections DIVIDED, ainsi que sur l'e-shop de l'enseigne www.hm.com.
Darius tient Charlotte dans ses bras, sous le regard attentif de sa première fille, Maïa, 7 ans, enchantée par l’arrivée de sa petite sœur.
Paternité
Après Maïa, 7 ans, le présentateur le plus aimé de la RTS est devenu papa pour la deuxième fois: Charlotte est née vendredi 17 février, à 13 h 42, dans une clinique genevoise.
Par Robert Habel
Elle s’appelle Charlotte et elle est née le vendredi 17 février, à 13 h 42, dans une clinique genevoise. Un petit bout de chou de 51 centimètres et 3,660 kilos, qui fait la joie et le bonheur de ses parents, Darius et Marie, ainsi que de leur fille aînée, Maïa, la plus impatiente peut-être, à 7 ans, de voir enfin apparaître cette petite sœur dont elle rêvait depuis des mois.
«Tout s’est très bien passé, confie Darius, tout sourire. On est arrivés à la maternité le matin à 8 h 30 et les choses se sont accélérées. C’est un tel émerveillement, le moment de la naissance, l’irruption de la vie… C’est tellement émouvant qu’il est difficile de ne pas verser une larme. J’ai pleuré un peu, bien sûr! Le premier cri, la découverte de son visage, le moment où j’ai écrit son nom pour la première fois sur la fiche de l’hôpital… Toute une succession de petits moments vertigineux.»
Une berceuse pour Charlotte
Charlotte a les cheveux noirs, comme son papa, et de beaux yeux (bruns, selon son papa, bleus, selon sa maman) qu’elle ouvre déjà tout grands pour regarder ce nouveau monde où elle vient de débarquer. «Je suis allé chercher Maïa vers 16 h 30, reprend Darius. Elle était impatiente de voir sa petite sœur, mais elle avait aussi beaucoup de stress. Elle lui a tout de suite caressé le visage, touché le nez, pris la main, elle lui a donné des bisous. Elle l’examinait de près, avec beaucoup de sérieux et de gentillesse. Elle lui a offert un doudou, elle lui a donné aussi un dessin qu’elle a fait et qui représente la famille. Quand Charlotte a pleuré, Maïa l’a prise dans ses bras; elle était très fière de la calmer en lui chantant une chanson: «Fais dodo, Charlotte, ma petite sœur, fais dodo t’auras du lolo…»
Une atmosphère de tendresse, un bonheur partagé avec tous les proches et les amis qui sont venus leur rendre visite à la clinique. «Ma femme, Marie, a une grande famille, remarque Darius, ils sont quatre frères et sœurs, il y a neuf petits-enfants, et cela crée toujours beaucoup de chaleur humaine. Maïa était contente de montrer sa petite sœur à ses cousins, à ses tantes, ses oncles, ses grands-parents. Moi, j’ai grandi comme un fils unique et mes parents sont décédés depuis longtemps. Je suis content que Maïa et Charlotte grandissent dans une famille plus large.»Darius disait parfois, en plaisantant, qu’il était devenu père sur le tard, puisqu’il avait déjà 43 ans quand Maïa est née. Il a 50 ans, aujourd’hui, et il commence à rire de son âge. Il s’amuse aussi en repensant qu’il est né quand son père avait 49 ans et qu’il lui avait dit un jour, quand il était ado, qu’il était un vieux père. Lui qui est passionné par son métier de journaliste, lui qui aime passer des soirées tranquilles à relire ses grands auteurs classiques (Chateaubriand, Plutarque, Racine), il s’était demandé pendant longtemps si l’arrivée d’un enfant ne risquait pas de déranger ses habitudes et d’être ingérable. Il rit de bon cœur, aujourd’hui, à ces hésitations passées.
«J’étais un vieux garçon»
«Avant j’étais un vieux garçon, dit-il, mais j’ai découvert avec Maïa à quel point un enfant donne de l’énergie et de la joie de vivre. Je me suis rendu compte que le temps est extensible et que le temps qu’on passe avec son enfant est un temps enrichi. Moi qui suis passionné par mon travail, la présence de Maïa me fait travailler d’autant mieux. Ça te met du sourire au quotidien et ça t’aide à vivre. Et puis il y a ces petites surprises qui illuminent la vie: tu mets la main dans la poche de ton manteau et tu retrouves un joujou de ta fille. J’ai repensé à la phrase si belle de Talleyrand sur sa fille, qui s’appelait Charlotte: «Je lui raconte des choses qu’elle ne sait point et elle m’en dit que je ne sais plus.» Le prénom m’était resté dans l’oreille. Ma femme le trouve aussi très gai, très espiègle.»
La vie avec ses filles
Darius a déjà redécouvert la vie avec Maïa, il se réjouit de la redécouvrir une nouvelle fois avec Charlotte. Quand il rentre après avoir présenté le TJ et que Maïa ne dort pas encore, il joue au loup avec elle ou il lui raconte une histoire. «C’est tellement touchant de la voir grandir, dit-il. A 7 ans, elle a déjà des petits moments de révolte, des petites moqueries d’ado.» Et comment sera la vie avec Charlotte? Encore plus dense, plus drôle! Maïa est facétieuse et taquine. «Elle a déjà compris que le fait de changer les couches était un enjeu. On a une table avec une flèche qu’on doit faire tourner pour savoir qui doit changer le bébé: maman ou papa? Elle s’arrange pour que ça tombe toujours sur papa!»
A noter que dans son numéro 8, le magazine L'illustré, disponible en kiosque, vous propose cette semaine l'album-photo de la naissance de Charlotte, deuxième fille de Darius Rochebin.
Ce jeune homme a trouvé l'adversaire idéal pour joueur au fameux jeu de la Tarte à la crème (Pie Face Showdown) qui consite à piéger l'autre participant avec du gâteau en plein visage. Surpris, le chat est tout de même gagnant en pouvant lécher la crème qui se trouve sur son petit museau...
Le navigateur suisse Yvan Bourgnon, 45 ans, a réalisé il y a deux ans le premier tour du monde en solitaire sur un catamaran sans habitacle. A g., en 1998 à Saint-Malo avec son frère Laurent.
Interview
Un jour avant la disparition de son frère Laurent, en juin 2015, le navigateur suisse Yvan Bourgnon bouclait un tour du monde en solitaire sur un bateau non habitable. Un film dévoile les images de cette expédition de l’extrême.
Par Aurélie Jaquet
Le film En équilibre sur l’océan raconte votre tour du monde en solitaire réalisé entre 2013 et 2015: 55 000 kilomètres sur un catamaran de 6 mètres non habitable, sans GPS ni bulletin météo. Aimez-vous à ce point le risque?
J’avais surtout besoin, après vingt-cinq ans de compétition, de retrouver le plaisir du voyage, de l’aventure à l’état pur. Sur les régates, on n’a pas le temps de s’arrêter et de profiter. J’ai été élevé sur un bateau, j’avais envie de revenir sur les lieux que j’avais découverts enfant lors de notre tour du monde avec mes parents.
Pas de GPS, le marin a navigué à l’ancienne, au sextant.
Parlez-nous de ce bateau, votre «Louloutte», comme vous l’appelez. Y a-t-il un attachement sentimental quand on a vécu des moments aussi forts?
Oui, bien sûr. C’est celui qui compte le plus. Ce qu’on a vécu ensemble n’a rien à voir avec mes bateaux précédents. Eux, c’étaient des supports de compétition, des machines de guerre. Ce catamaran ne sort pas d’un plan d’architecte mais de mes idées, de mon expérience de navigateur. Je me suis impliqué dans sa construction depuis la première goutte de résine. On a vécu ensemble un an et demi, il m’a sauvé la vie à plusieurs reprises. J’ai failli y passer quelques fois pendant cette aventure.
C’est-à-dire?
J’ai chaviré au milieu de l’Atlantique. J’étais harnaché au bateau, il filait à toute vitesse et m’entraînait sous l’eau. J’ai failli me noyer… Juste avant Gibraltar, je me suis retrouvé en pleine nuit face à un énorme pétrolier qui fonçait sur moi. Il n’y avait pas de vent, j’étais à l’arrêt. J’ai pagayé pour me détourner de son chemin. L’ancre du pétrolier a arraché mon spi. A cet instant, j’ai cru vivre ma dernière heure. Et puis, à Djibouti, j’ai croisé la route de pirates. Ils étaient armés de mitraillettes et hurlaient des phrases en arabe. J’étais allongé, ils ne m’ont pas vu, ils ont certainement cru qu’il s’agissait d’un bateau abandonné. Et puis il y a eu cet échouement de nuit au Sri Lanka, qui m’a forcé à m’arrêter quelques mois.
Il vous est arrivé de ne pas pouvoir dormir pendant plusieurs jours. Comment apprend-on à gérer la fatigue?
L’expérience m’a appris à maîtriser le sommeil fractionné. Pendant cette aventure, j’ai parfois dû barrer septante-deux heures d’affilée en faisant des sommeils flash de trente secondes. Je profitais de mes escales à terre pour recharger mes batteries.
Ces courts instants de sommeil laissent-ils le temps de rêver un peu?
Oui. C’était même souvent plus que des rêves. A bord, je passais vingt heures sur vingt-quatre à penser. Je finissais par m’inventer des histoires qui revenaient dans mes rêves et se poursuivaient après mon réveil. Comme si mes moments d’éveil et de sommeil se confondaient. Je n’avais jamais ressenti ça auparavant. J’ai aussi été victime de quelques hallucinations. Je voyais des cailloux, je hurlais sur mon coéquipier à bord, alors que j’étais seul.
Etes-vous un solitaire?
A terre, je ne le suis pas du tout. Je n’aime pas être seul, j’ai besoin d’être entouré, de partager, de passer du temps avec mes proches. En revanche, la solitude en mer ne me pèse pas du tout. Au contraire, j’ai besoin de ce côté méditatif. Sur terre, la vie file à cent à l’heure. La mer a quelque chose de libérateur.
Vous êtes né à La Chaux-de-Fonds, vous avez grandi en Loire-Atlantique et passé la moitié de votre vie sur des bateaux. Où est votre port d’attache?
En Loire-Atlantique. C’est là-bas que j’ai passé le plus de temps et navigué. Mais j’ai de bons souvenirs en Suisse aussi. Mes parents avaient un chalet près de La Chaux-de-Fonds, où nous passions nos vacances lorsque j’étais enfant.
Pourquoi votre famille a-t-elle quitté la Suisse?
Mes parents étaient boulangers à La Chaux-de-Fonds. Ils travaillaient sept jours sur sept comme des fous. Après la naissance de mon frère Laurent, ils ont ressenti le besoin de changer de vie. Mon père est parti aux Glénans pour apprendre les rudiments de la voile. Ils ont remis leur boulangerie et acheté un petit bateau pour partir faire le tour du monde. Mon frère avait 4 ans. Ma mère est tombée enceinte au tout début du voyage. Ils sont finalement restés aux Antilles six mois et sont rentrés pour qu’elle puisse accoucher à La Chaux-de-Fonds. J’ai traversé l’Atlantique deux fois avant de naître. J’avais 1 an quand mes parents ont quitté la Suisse pour s’installer en Loire-Atlantique. Quelques années plus tard, nous sommes partis faire le tour du monde en bateau. Je suis allé à l’école aux Marquises et à Tahiti. Ce voyage de quatre ans a marqué ma vie et la suite de mon histoire.
Avec trois otaries montées à bord.
Quel enfant étiez-vous?
Très timide et réservé. De manière presque maladive. Mon retour en France après ce tour du monde a été chaotique. J’avais 12 ans et beaucoup de mal à supporter les autres enfants, l’école, les profs. Je les trouvais idiots, j’avais l’impression de perdre mon temps. Je ne comprenais pas le sens qu’ils donnaient à la vie. Je me sentais complètement extérieur à tout ça et je me suis renfermé sur moi. Ce n’est qu’à l’âge de 20 ans, lorsque j’ai terminé mes études et que j’ai pu naviguer pour de bon, que les choses se sont arrangées. L’adolescence a été la pire période de ma vie.
Avez-vous transmis votre passion de la navigation à vos deux fils?
J’en aurai bientôt un troisième. Ma compagne est enceinte de six mois. J’ai transmis à mes deux aînés la navigation pour le plaisir, je ne les pousse pas dans la compétition. J’essaie de les ouvrir aux voyages, au sport, à différents univers.
Comment vivent-ils le fait d’avoir un père aventurier?
Ils avaient 15 et 17 ans quand je suis parti faire ce tour du monde. J’ai eu leur adhésion. Nous communiquions par Skype lors de mes escales, mais je ne les ai pas vus physiquement pendant un an. Cela a été la chose la plus difficile à gérer pendant ce voyage. Etre séparé de ses enfants aussi longtemps, c’est dur. En même temps, les garçons se construisent beaucoup sur le modèle de leur père. J’espère leur offrir l’image d’un papa solide.
Vous avez vécu des moments très intenses comme navigateur. Arrivez-vous à retrouver la même intensité à terre?
C’était effectivement une grande crainte avant mon retour. Cette aventure était l’aboutissement d’un projet long de trois ans, et je savais avant même d’arriver que je ne repartirais pas de sitôt. J’étais conscient que ces moments très forts allaient prendre fin. Je n’ai finalement pas eu le temps d’y penser. Au lendemain de mon arrivée à Ouistreham, j’apprenais que mon frère Laurent avait disparu en mer. J’ai sauté dans le premier avion pour organiser les recherches.
La dernière fois que vous avez vu votre frère, c’était justement en 2014, lors de votre escale en Polynésie française…
Oui, et c’est peut-être ce qui me permet d’être en paix aujourd’hui. Je me dis que ce voyage autour du monde valait la peine d’être vécu rien que pour ça. Je n’avais pas revu mon frère depuis six ans. Il était installé en Polynésie, moi, j’avais une vie de dingue. Cela a été important aussi d’être de retour de cette aventure pour pouvoir tout mettre en œuvre pour le retrouver. Je ne sais pas comment j’aurais vécu cette épreuve s’il avait disparu pendant que j’étais en mer, impuissant. Même si, au final, ces recherches n’ont rien changé…
Vous rappelez-vous le moment où vous vous êtes rendu à l’évidence?
Oui. J’avais organisé des recherches nuit et jour pendant une semaine. C’était terminé, je le savais. Nous avons stoppé les opérations et sommes rentrés à Tahiti. C’est un souvenir terrible, une douleur indescriptible. J’ai encore du mal à en parler. J’ai pleuré de longues heures, puis je me suis mis à écrire. Je lui ai envoyé une lettre à la mer.
Deux ans plus tard, il vous arrive encore de parler de lui au présent…
Oui. Je pense à Laurent tous les jours. Il était plus qu’un frère, même si notre complicité est née tardivement, parce qu’il avait cinq ans de plus que moi. A 20 ans, je l’ai rejoint à Trinité, en Bretagne. On a habité dans la même maison, on faisait du sport ensemble le matin, on préparait notre bateau, on naviguait, on gagnait ensemble. Nous avons vécu dix ans comme ça, en vase clos. Puis il a rencontré sa femme et a quitté la France pour s’installer à Tahiti. Je l’ai moins vu à partir de là, mais cette période nous a soudés à jamais. Les meilleurs moments de voile ou de compétition, c’est avec lui que je les ai vécus. A l’époque, on gagnait tout avec une facilité déconcertante. On était sur un nuage. L’amour de la mer nous a liés à vie.
Le gros coup dur du voyage: son échouement au Sri Lanka alors qu’il s’était endormi cinq minutes.
Six mois après sa disparition, vous repreniez le large pour la Transat Jacques Vabre. Etait-ce une forme d’hommage?
Oui. L’été 2015 a été très difficile. Je tournais en rond, j’étais à plat. Alors, quand Gilles Lamiré (ndlr: son coéquipier) m’a appelé pour me proposer la Transat Jacques Vabre, j’ai sauté sur l’occasion. J’avais besoin de me vider la tête et de retourner sur l’eau, plutôt que de gamberger à terre. Cette course, nous l’avions gagnée avec Laurent en 1997. Malheureusement, en 2015, nous avons dû abandonner assez vite après avoir heurté un container.
Cet épisode vous a d’ailleurs donné envie de vous engager pour la sauvegarde des océans. Quel est le projet de votre association The Sea Cleaners?
La construction du Manta, un quadrimaran muni de herses pour ratisser les déchets en mer. Ce bateau récoltera 600 m³ de détritus par campagne. Il nous permettra aussi d’être incisifs. Nous convoquerons les populations du litttoral, les médias, les dirigeants, pour leur montrer ce qu’on a rapporté de l’océan. Le crowdfunding a bien fonctionné en France. Il vient d’être lancé en Suisse. J’espère que le public suivra. Il y a urgence: si la pollution continue à ce rythme, les océans contiendront autant de déchets plastique que de poissons d’ici à 2050.
Quand reprendrez-vous la mer?
Cet été. Je repars pour une nouvelle expédition en solitaire sur ma Louloute: relier le Pacifique à l’Atlantique via le passage du nord-ouest. Un périple de 8000 km compliqué, puisque les glaces s’ouvrent et se referment très vite. Je vais cohabiter avec le froid et les ours polaires. Je n’aurai pas le droit à l’erreur.
En équilibre sur l’océan, de Sébastien Devrient, Vertiges Prod, tournée du 14 au 30 mars dans les cinémas de 15 villes romandes, en présence d’Yvan Bourgnon, infos et dates: www.vertigesprod.ch
José et Ana Lidia n’ont pas eu une vie simple. Ils avaient fêté leurs 40 ans de mariage près de Porto, juste avant leur dernier voyage. A dr., Paulo Montez aujourd’hui, le visage encore marqué, près de chez lui à Bernex (GE).
Témoignage
En rentrant de vacances, José et Ana Lidia, deux Genevois d’origine portugaise, ont trouvé brutalement la mort le 8 janvier dernier dans un accident de bus sur la fameuse nationale 79, près de Paray-le-Monial. Voyageant avec eux, grièvement blessé mais miraculeusement tiré d’affaire, leur fils Paulo, 40 ans, témoigne pour la première fois.
Par Arnaud Bédat
C’est un rescapé, comme revenu de l’enfer, miraculé de la tristement célèbre «route de la mort». Le 8 janvier dernier, sur cette portion de bitume particulièrement dangereuse et meurtrière, en Saône-et-Loire, entre Paray-le-Monial et Mâcon, le destin frappait une fois encore, faisant quatre morts et une vingtaine de blessés. Toutes les victimes voyageaient à bord d’un autobus qui faisait le trajet entre Porto et la Suisse, ramenant un petit groupe de Portugais qui avaient passé les fêtes de fin d’année dans leur pays natal. Une nouvelle catastrophe, avec son cortège de larmes et de souffrances, qui fit à nouveau la une des journaux, s’ajoutant notamment à une autre, survenue quelques mois à peine plus tôt: celle de ces douze Lusitaniens, voyageant eux aussi en bus, décédés après une violente collision avec un poids lourd, cette fois dans le sens inverse, de la Suisse vers le Portugal, sur cette même route nationale 79, mais dans l’Allier, le 29 mars 2016.
Paolo Montez témoigne: «Un enfant m’a dit qu’il y avait un monsieur mort à côté de moi. C’était mon père.» Photo: Thierry Parel
Un sentiment de révolte
«Je ne sais pas pourquoi je suis là, c’est le destin ou Dieu, je ne sais pas, mais un sentiment profond de révolte m’habite aujourd’hui», murmure-t-il. Deux mois à peine après le drame, Paulo Montez, 40 ans, ne comprend toujours pas pourquoi il est encore en vie. Ses parents, José, 58 ans, et Ana Lidia, 56 ans, n’ont pas eu sa chance: ils sont morts tous les deux sur le coup dans l’accident.
Dans son petit studio de Bernex, en pleine campagne genevoise, où il vient de revenir après ses semaines d’hospitalisation, il se repasse sans cesse dans la tête le film de l’accident.
Avec ses parents, ils avaient pris place tout à l’arrière du bus, lui du côté droit, près de la fenêtre. Il était 4 h 30 du matin, tout le monde avait les yeux fermés, sauf lui, de la musique dans les écouteurs, somnolant quelque peu. «J’étais perdu dans mes pensées, je venais de me dire que nous n’étions plus très loin de la Suisse, raconte-t-il. Et je ressentais beaucoup de tristesse d’avoir quitté le Portugal et faisais le projet d’y retourner très vite. A côté de moi, mon père et ma mère dormaient, c’est la dernière vision que j’ai d’eux vivants. Devant moi, une maman et son fils. Et puis, tout à coup, le bus a commencé à se secouer, comme s’il perdait l’équilibre, et j’ai ouvert les yeux. J’entendais des cris devant, j’ai vu dans la lumière des phares que le bus était au milieu de la chaussée. Derrière, en me retournant, j’ai constaté que la remorque accrochée au bus avec les bagages zigzaguait dangereusement et me suis dit que tout était fini, qu’on allait tous mourir. Dans un réflexe de survie, je me suis comme pelotonné dans le coin le plus renforcé du bus, dans l’angle, me tenant avec les mains face au siège de devant. Tout cela a duré quelques secondes à peine. Puis, j’ai fermé les yeux, et j’ai murmuré en moi: «Seigneur, je laisse ma vie dans tes mains». J’ai senti alors des coups, violents, partout sur le corps, comme si on me frappait avec une batte de baseball. J’étais basculé de tous les côtés. C’était interminable. J’avais mal.»
Ejecté du bus
Quand Paulo ouvre enfin les yeux, hébété, il constate qu’il a été éjecté du bus et qu’il est couché dans l’herbe. Peu après le passage du viaduc de Charolles, le bus est en fait tombé violemment en contrebas. «J’ai d’abord eu le réflexe de bouger mes jambes et mes mains, mais je peinais à les mouvoir. Il faisait froid. Je me disais: «Je ne suis pas mort dans cet accident, je vais pas crever maintenant d’hypothermie! Je faisais tout pour rester éveillé, j’avais soif, mais je me sentais de plus en plus faible.» Des minutes interminables. Les secours, dans ses souvenirs, mettent un temps considérable à parvenir sur les lieux, «même s’ils ont dû arriver vite, mais cela m’a paru une éternité. Un enfant indemne m’a dit qu’il y avait un monsieur mort à côté de moi, j’ai compris que c’était mon père, sans parvenir à me retourner. Je lui ai demandé une veste, tellement je grelottais. Et puis, tout à coup, j’ai entendu les sirènes des secours.» Transporté aussitôt à l’hôpital de Paray-le-Monial, les examens permettent d’établir qu’aucun organe vital n’est heureusement touché, mais Paulo est en mille morceaux: clavicule, omoplates et plusieurs côtes cassées, le sternum fissuré, des dents détruites… «Ce n’était que de la casse», plaisante-t–il, comme pour exorciser son douloureux récit.
Ils s’étaient mariés à 16 et 18 ans, au Portugal, avant de venir chercher une vie meilleure en Suisse romande. José et Ana Lidia étaient depuis peu les grands- parents comblés d’une petite Lya, née en août dernier, que leur avait donnée leur fille Helena. Photo: DR
Cette nuit-là, la Saône-et-Loire était l’un des sept départements placés en vigilance orange par Météo France en raison de la neige et du verglas. Mais sur les causes possibles de l’accident, le rescapé préfère ne pas s’exprimer davantage, tant que l’enquête est toujours en cours.
Petits boulots et chômage
Paulo n’a pas toujours eu une vie facile: après avoir travaillé comme bagagiste à l’aéroport de Cointrin, il a trouvé de petits emplois, comme magasinier ou vendeur, avant de tomber au chômage et de finir à l’Hospice général, sans jamais retrouver du travail. «Qu’est-ce qu’il peut encore m’arriver aujourd’hui? soupire-t-il, le regard un peu las. Il me faut un moral béton pour survivre», ajoute-t-il. Il s’occupe comme il peut, venant de monter il y a quelques mois une petite radio web, destinée à la communauté portugaise, www.radioceano.net, où il joue tour à tour le rôle d’animateur ou de journaliste. Il rêve d’en faire désormais son métier.
Le terrible accident de car survenu le 8 janvier dernier sur la tragiquement célèbre nationale 79, près de Paray-le-Monial, en France, au retour du Portugal, a fait de Paulo Montez un orphelin… à 40 ans. Photo: AFP/Philippe Desmazes
Mais aujourd’hui, c’est bien sûr d’abord à ses parents qu’il pense sans cesse. Des gens simples, travailleurs, amoureux de leurs trois enfants. Une vie de labeur, pas toujours facile. «Mon père avait 18 ans quand il s’est marié, ma mère en avait 16, se souvient encore Paulo. Ma mère avait été élevée par une tante, ils étaient pauvres et rêvaient d’une vie meilleure en Suisse.» Au Portugal, ils avaient fêté le 23 décembre leurs 40 ans de mariage dans la joie et la bonne humeur, retrouvant même des amis perdus de vue depuis plus de trente ans.
Destin brisé
Le matin du drame, ils quittent insouciants leur petit village de Freixo de Numão, à 180 kilomètres de Porto, et embarquent à Foz Côa pour rentrer à Genève, où ils habitaient depuis 1987 et avaient des plaisirs simples, magnifiquement intégrés à la vie locale: la maman, toujours le cœur sur la main, aimait les roses, regarder des feuilletons brésiliens à la télévision, s’occuper de son foyer et bien sûr de sa petite-fille, Lya, qui venait de naître en août 2016; le papa, lui, machiniste dans le bâtiment de profession, aimait cultiver son jardin familial durant son temps libre, s’occuper en bricolant et retrouver ses copains. Ils n’avaient plus qu’un seul rêve: retourner très vite ensemble au Portugal pour y couler une retraite bien méritée. Ils n’en auront pas eu le temps. Le dernier voyage n’aura pas les couleurs d’une vieillesse heureuse et sans histoire: ils reposent désormais dans le petit cimetière de leur terre natale, unis à jamais par le même destin brisé.
Ce petit garçon âgé de sept mois possède une tignasse vraiment hors du commun. Plus tard, il profitera peut-être de cet atout pour faire carrière dans le hard rock.
De gauche à droite, la famille au complet: Lemmy, 5 ans, Marie, 32 ans, Nathan, 48 ans, June, 7 ans, et leurs chiens Greta et Larsen, au milieu de leur salon vintage, près de Fribourg.
Radio
La chroniqueuse de Rhinoféroce, sur Couleur 3, est la nouvelle coqueluche des réseaux sociaux.
Par Malika Scialom
Elle est menue et joviale. Ses yeux sont rieurs et sa peau bariolée. Le truc de Marie Alice Riley, 32 ans, c’est la musique et principalement le metal. Son look en témoigne. Depuis quelques mois, elle écrit des chroniques punchy dans l’émission musicale Rhinoféroce, sur Couleur 3, aux côtés de l’animateur Patrick Dujany, alias Duja. L’émission est diffusée à 22 h le dimanche soir, mais sa chronique est disponible en vidéo sur Facebook depuis peu. C’est ce qui l’a popularisée.
En dehors de la radio, cette maman de deux enfants travaille à mi-temps dans la communication et tient un blog. «J’interviewe des musiciens, pour un concert ou une sortie d’album, et je leur demande ce qu’ils aiment manger. Ensuite, je cuisine les recettes chez moi et je les publie avec l’article.» Un concept original qui trouve des lecteurs dans le monde entier et qui marie ses deux passions, «la musique et la bouffe».
Bassiste dans un groupe, elle a également monté son label, Cold Smoke Records, avec cinq amis. La musique fait partie intégrante de son monde, jusqu’au prénom de ses enfants: June, comme la femme de Johnny Cash, et Lemmy, pour le chanteur de Motörhead. M. S.
Un photographe s'est invité dans les chambres des femmes à travers le monde. Un clin d'oeil original à la Journée internationale du 8 mars. On ouvre cette galerie avec Bangkog Doo, 24 ans, qui habite Bangkok en Thaïlande. Mariée depuis un an, cette blogueuse globe-trotteuse a choisi de continuer à vivre dans une maison traditionnelle sur pilotis, au bord du canal Khlong Bangkok Yai.
Riversboom Institute
Mayu Shimura, 22 ans, réside à Tokyo, au Japon. Elle adore le vert! Dans sa chambre de la grande maison qu’elle partage avec ses parents et sa petite sœur, elle a réussi à en mettre partout, jusqu’à en habiller Mer, son lévrier italien. Mayu est née et a grandi à Tokyo où elle travaille actuellement dans une entreprise indienne active dans l’importation et le commerce de diamants.
Riversboom Institute
Mickayla Skaife, 23 ans, vit dans la Tour de Londres (!), où son père est l'un des 38 gardiens en exercice. La jeune femme qui fut chanteuse dans un groupe de jazz estime que vivre dans un tel lieu est «magique et spécial». Aujourd’hui, elle est employée par le département vente d’une grande marque, emploi grâce auquel elle assouvit notamment sa grande passion des chaussures.
Riversboom Institute
Bogol Antonie est âgée de 23 ans et elle vit à Edèa, au Cameroun. Déjà maman d’un bébé, Bogol a eu le courage de divorcer d’un mari violent. Ostracisée par tout le village, elle est retournée vivre chez ses parents, dans une maison de bois et de boue séchée.
Riversboom Institute
Enfin, Cynthia Maria Aramouni, 23 ans, réside à Beyrouth. Elle rêve de voyages. Illustratrice de formation, elle organise des concerts et toutes sortes de soirées. Elle aime Beyrouth pour sa vie, mais déteste les complications de la politique libanaise.
A noter que cet article est particulièrement enrichi, en photos et en chiffres, dans L'illustré de cette semaine, disponible en kiosque.
Robert E Kelly se souviendra longtemps de son interview sur BBC News. L'expert en géopolitique est interrompu en plein direct par ses enfants qui s'amusent devant la caméra. Malgré la gêne, l'homme poursuit sa vidéoconférence. Il peut remercier la maman...
Il n'existe pas de méthode universelle pour être un bon père. Les stars hollywoodiennes, qu'elles soient actives dans la musique, à la télévision ou au cinéma, ont les moyens de s'offrir toute l'aide qu'ils souhaitent pour équilibrer leur vie de famille, mais c'est avec leurs enfants qu'ils dévoilent souvent leur vraie nature. La preuve ici avec Josh Duhamel, John Legend et James van der Beek.
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Première soirée en smoking pour l'acteur Liev Schreiber et son fils Alexandre Pete, âgé de 9 ans, qui a hérité de la blondeur de sa maman, l'actrice Naomi Watts.
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L'ancien footballeur David Beckham a eu quatre enfants avec Victoria, mais une seule fille, la petite Harper, maintenant âgée de 5 ans. Quand le papa fait découvrir un papillon à sa petite chérie, cela déborde de tendresse et de complicité.
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Le chanteur Usher aime se faire servir le petit déjeuner au lit. On imagine que cette photo a été prise par son épouse, la styliste Tameka Foster. Aux côtés du chanteur: ses deux garçons, Usher "Cinco" Raymond V, né en novembre 2007 et Naviyd Ely Raymond, né en décembre 2008.
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L'acteur Josh Duhamel adore partager des moments sportifs avec son fiston Axl Jack, né en août 2013. La maman n'est autre que la chanteuse Fergie du groupe Black Eyed Peas.
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L'acteur Chris Hemsworth initie sa fille India, âgée de 5 ans, aux subtilités de la cuisine. Derrière l'objectif: la maman Elsa Pataky. Le couple est également parent de jumeaux prénommés Sasha et Tristan, âgés de 3 ans.
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L'acteur Jason Sudeikis tient dans ses bras le petit Otis Alexander, qui fêtera ses 3 ans le 20 avril prochain. La maman n'est autre que la superbe Olivia Wilde.
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Le crooner John Legend vient traîner en cuisine avec sa fille Luna Simone, née le 14 avril 2016. La maman, Chrissy Teigen, est sans doute en train de les surveiller.
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L'acteur Channing Tatum et son épouse Jenna Dewan posent fièrement avec leur fille Everly Tatum, née le 31 mai 2013.
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L'acteur Dwayne Johnson, alias The Rock, exhibe fièrement ses biscotos en tenant sa fille Jasmine, née le 16 décembre 2015, dont la maman n'est autre que l'actrice Lauren Hashian.
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Le chanteur et acteur Justin Timberlake a eu un fils, prénommé Silas Randall avec l'actrice Jessica Biel, devenue sa femme le 19 octobre 2012. Leur petit garçon est venu au monde le 11 avril 2015.
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Jamie Foxx est toujours prêt pour faire des bêtises avec sa fille Annalise, née en août 2009. L'acteur a deux filles.
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L'ancienne star de la série "Dawson", l'acteur James van der Beek, est un père de famille comblé, puisque son épouse, Kimberly Brook, lui a donné quatre enfants, dont le petit Joshua qui fête ses 6 ans ce lundi 13 mars 2017.
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L'acteur principal de la série fantastique "Supernatural", Jensen Ackles, alias Dean Winchester, prend sa première leçon de maquillage auprès de sa fille Danneel, née le 30 mai 2013.
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Dans la série "Supernatural", il joue Sam Winchester, le frère de Dean (Jensen Ackles). L'acteur Jared Padalacki passe ici un bon moment avec ses garçons Thomas, qui aura 5 ans dimanche prochain, le 19 mars, et Austin qui a fêté ses 3 ans le 22 décembre dernier.
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La star des films d'action Vin Diesel est un vrai papa gâteau avec sa fille Pauline, qui fêtera ses 2 ans ce jeudi 16 mars 2017. On peut rappeler que son prénom a été choisi en hommage à l'acteur Paul Walker, qui partageait l'affiche de la franchise "Fast & Furious" avec Vin Diesel.
Friedrun Sabine Burkhalter, 50 ans, face à l’objectif du photographe Philippe Pache. Une première pour l’épouse du conseiller fédéral, d’ordinaire plutôt discrète.
Portrait
Spontanée, sensible et chaleureuse, issue d’une fratrie de neuf enfants en Autriche, l’épouse de Didier Burkhalter a aussi un grand cœur. Elle est la nouvelle ambassadrice de la Croix-Rouge suisse. Rencontre en toute simplicité.
Par Aurélie Jaquet
Assis dans son fauteuil, Jean caresse l’orchidée qu’il tient entre ses mains. Prostré, silencieux. Il semble avoir déjà perdu de vue la petite femme en robe rouge qui se tient pourtant là, juste devant lui. L’homme de 92 ans ne dit pas un mot, mais les rides qui ont creusé son visage parlent pour lui. Les années et la maladie ont enfoui ses souvenirs et rendu difficile son contact avec l’extérieur. «Que cette journée soit belle, prenez soin de vous», lui adresse Friedrun Sabine Burkhalter dans un sourire. La femme en robe rouge, c’est elle. Ce mardi après-midi, l’épouse du conseiller fédéral, 50 ans, est en visite au Home de Clos-Brochet à l’occasion de la Journée des malades. Pour sa deuxième mission, la nouvelle ambassadrice de la Croix-Rouge suisse distribue des fleurs aux 76 résidents de cette institution neuchâteloise pour personnes âgées. Avec, pour chacun, quelques mots réconfortants, un peu de chaleur dans l’automne de ces vies. Cette action, nous dit-elle, lui tenait tout particulièrement à cœur. «Les personnes âgées m’émeuvent par leur spontanéité et leur regard. Je trouve touchant de les voir isolées dans leur propre monde et pourtant en recherche intense de contact.»
L’épouse de Didier Burkhalter a rendu visite et distribué des fleurs aux résidents du Home de Clos- Brochet, à Neuchâtel, lors de la Journée des malades. Photo: Philippe Pache
Elle évoque aussi ce grand-père qu’elle n’a pas connu, les récits familiaux de la Seconde Guerre mondiale, ces histoires qui chahutent l’enfance innocente. «Mon grand-père a vécu les deux conflits. Ma mère m’en a beaucoup parlé. J’ai été marquée.» Une sensibilité qui s’inscrit au-delà de son histoire personnelle et qui l’a convaincue de s’engager auprès de la Croix-Rouge suisse en ce début d’année. «Je rêve d’une baguette magique. Mais si je peux apporter une petite contribution, quelques sourires, une prise de conscience, c’est déjà ça.»
Friedrun Sabine Burkhalter parle doucement, marque une pause avant de répondre avec ce petit accent discret qui trahit ses origines venues d’ailleurs. «On me demande parfois si je viens du Nord.» Mais c’est en Autriche qu’elle est née, dans un minuscule village montagnard du Vorarlberg, dans l’ouest du pays. La future épouse de Didier Burkhalter est la neuvième de la fratrie. La famille vit dans la ferme du grand-père. «Mon père travaillait beaucoup, ma mère était souvent seule pour s’occuper de nous. Elle a eu beaucoup de courage, c’est un modèle», dit-elle. La cadette partage la même chambre que ses aînés. A neuf, on apprend l’entraide souvent plus vite que les autres.
Le 12 décembre 2013, quelques jours avant d’entamer son année de présidence, Didier Burkhalter est fêté dans son canton de Neuchâ- tel. Le conseiller fédéral est accompagné de son épouse et de leurs trois fils, Adrien, Nathaniel et Loïc. Photo: Keystone
«Je suis une enfant de la terre, explique Friedrun Sabine. Aujourd’hui encore, j’aime jardiner, voir pousser les plantes, avoir les mains dans la terre. L’été, nous faisions les foins dans des champs en pente près de la ferme. Cette odeur m’a marquée, c’est le parfum le plus fort de mon enfance.» Une enfance modeste mais souvent heureuse, tient-elle à préciser. En pleine nature et entourée d’animaux. «J’adorais passer du temps avec nos chèvres. J’étais une sorte de Heidi autrichienne, s’amuse-t-elle aujourd’hui. Une année, j’ai d’ailleurs défilé à carnaval dans ce déguisement avec une de nos chèvres.»
Arrivée en Suisse
La vie la guidera bientôt sur les terres de la célèbre petite fille des Alpes. Après quelques années d’école de commerce, elle débarque en Suisse pour apprendre le français. «Je suis arrivée à Genève. J’ai tout de suite eu du plaisir à parler français. Je l’ai vite appris, d’ailleurs.» A 19 ans, elle épouse Didier Burkhalter. Le futur conseiller fédéral, de sept ans son aîné, a déjà commencé son engagement politique. Deux ans plus tard naît le premier de leurs trois fils. «J’ai eu un immense bonheur à être mère au foyer et à m’occuper de nos enfants. Ces moments avec eux ont été très précieux. C’est une chance d’avoir pu faire ce choix-là, je suis consciente que beaucoup de parents ne l’ont pas.»
Quelques années plus tard, elle reprend des études pour devenir enseignante de langues. Elle se dit autodidacte et curieuse, amoureuse du français et de ses expressions, de la littérature et des livres d’histoire.
Le 23 février à Neuchâtel, l’ambassadrice de la Croix-Rouge suisse participait à l’opération «2 x Noël». Avec des bénévoles, elle a préparé des cartons de nourriture et de biens de première nécessité destinés aux familles dans le besoin. Photo: Hervé le Cunff/Schweizer Illustrierte
«Ma femme est une chance pour moi, mais aussi pour la Suisse», confiait Didier Burkhalter au début de son année présidentielle en 2014. Une reconnaissance publique envers son épouse, soutien infaillible dans l’ombre de sa carrière politique. Quelques heures après son élection au Conseil fédéral, en septembre 2009, cette dernière avait pourtant le triomphe modeste. «C’est la fin d’une campagne longue et éprouvante», lâchait-elle simplement à la télévision. «Cela fait très longtemps que mon mari et moi vivons ces choses ensemble», explique Mme Burkhalter aujourd’hui. On la perçoit à la fois discrète et spontanée, chaleureuse et tout en retenue. «Je déteste le jeu, j’aime l’authenticité. Mais je ne fais pas les choses sur un coup de tête, je suis quelqu’un de réfléchi.»
Réception chez les Obama
C’est dans son enfance que Friedrun Sabine a forgé ses valeurs. La simplicité, le respect des différences et de la nature, le courage. «C’est très important, le courage. Et l’empathie. Il y a tant de souffrance dans notre monde.» Alors, quand on lui demande quelles rencontres l’ont marquée pendant son année de «première dame», elle cite d’abord ce voyage en Pologne. «Le musée du ghetto de Varsovie et Auschwitz. Nous avons été accompagnés par une jeune Suissesse qui est la petite-fille d’un des derniers survivants du camp de concentration.» Et puis, dans le désordre, la réception présidentielle chez le couple Obama, le brunch à la ferme du 1er Août, les voyages, les rencontres avec les gens, tout simplement, connus et anonymes.
Il paraît que Mme Burkhalter préfère qu’on l’appelle Sabine. C’est vrai? «Non, j’aime bien mes deux prénoms. Et puis, dans Friedrun, on retrouve le mot Friede, «la paix». Cela me plaît.»
La petite femme en robe rouge est une grande dame.
Le président Donald Trump et sa fille Ivanka, 35 ans, née de son premier mariage avec Ivana Trump.
Etats-Unis
Bien qu’elle ne soit pas employée au sein du Gouvernement formé par Donald Trump, sa fille a obtenu un bureau à la Maison Blanche. Une situation qui ne s’était jamais produite dans l’histoire des Etats-Unis.
Par Blaise Calame
Les Américains qui s’inquiètent des possibles conflits d’intérêts que la présence d’Ivanka Trump pourrait faire naître dans les couloirs de la Maison Blanche sont désormais confortés dans leur opinion. Pourquoi? Parce que la fille aînée du président Trump, née de son premier mariage avec Ivana, s‘installe. Elle n’est pas employée par le Gouvernement américain et par conséquent n’a aucun mandat officiel, mais elle est là et son père l’écoute. Il a donc consenti à lui attribuer un bureau au sein même de la Maison Blanche – une situation qui ne s’était jamais produite dans l’histoire de la démocratie américaine.
La Maison Blanche, à Washington, a désormais une locataire de plus, en la personne d'Ivanka Trump, fille aînée de président américain et officieusement sa plus proche conseillère.
"Avoir la fille adulte d'un président qui a un rôle actif dans l'administration est sans précédent, confirme une source diplomatique à l’Agence France-Presse (AFP). Les proches de la nouvelle famille présidentielle expliquent que Donald Trump sollicite fréquemment l’avis d’Ivanka, sa fille âgée de 35 ans, et de son mari le promoteur immobilier Jared Kushner. Mais à la différence de ce dernier, qui a prêté serment à son entrée en fonction en tant que conseiller personnel du président, la jeune femme ne travaille pas au sein de l’administration Trump.
On ne cesse pourtant de la croiser dans la fameuse aile ouest de la Maison Blanche, centre névralgique du pouvoir américain. Et elle ne fait pas partie des équipes d’entretien! En revanche, son père l’associe à tous les événements majeurs, comme cette table ronde avec la chancelière allemande Angela Merkel vendredi dernier. La décision de lui octroyer un bureau semblait donc naturelle à Donald Trump, qui se fiche éperdument des possibles conflits d’intérêt que la presse redoute. Du reste, il se fiche éperdument de la presse aussi.
Désormais placée physiquement au coeur même du pouvoir américain, Ivanka Trump aura accès à des informations classées, relève son avocate Jamie Gorelick, citée par le site Politico. Elle sera donc soumise aux mêmes règles de confidentialité que le personnel administratif présent.
Qui a dit que la nuit servait à dormir? Ces deux jumeaux, Andrew et Ryan, 2 ans, décident d'inverser la tendance et de jouer dans leur chambre... toute la nuit. Les parents ont beau intervenir plusieurs fois, ça ne change rien!
Bruno et Mutang, au Sarawak, dans les années 90. Les deux hommes ont combattu côte à côte pour protéger la forêt.
Rencontre
Il a été le compagnon de Bruno Manser, ce Robin des Bois suisse qui a vécu au milieu des Indiens Penan, se battant à leurs côtés pour préserver leur forêt tropicale, et qui a mystérieusement disparu en 2000. De passage à Genève pour présenter un film retraçant cette lutte, Mutang Urud évoque, ému, le souvenir de son ami.
Par Patrick Baumann
Le 25 mai prochain, on fêtera tristement les dix-sept ans de la disparition de Bruno Manser. Personne n’a oublié ce petit homme aux yeux rieurs et à la tête de moine bouddhiste, qui, en 1984, à l’âge de 30 ans, a quitté son Helvétie natale pour vivre six ans durant au milieu des Penan, ces Indiens nomades, dans l’épaisse forêt tropicale du Sarawak, la partie malaisienne de l’île de Bornéo. Le Bâlois, surnommé très vite le Tarzan blanc, avait adopté leur langue, leurs coutumes, leur nudité et surtout leur combat pour lutter contre le déboisement qui menaçait les extraordinaires forêts vierges de ce paradis.
Mutang Urud au parc des Bastions. L’Indien était de passage à Genève pour présenter au festival du fi lm des droits humains «The Borneo Case», qui retrace sa lutte depuis vingt ans. Plus nécessaire que jamais, dit-il. Photo: Julie de Tribolet
L’écologiste avait par la suite créé le Bruno Manser Fonds (BMF, www.bmf.ch), toujours actif, et parcouru le monde pour défendre cette cause, n’hésitant pas à survoler en ULM la demeure du premier ministre du Sarawak, à entamer une grève la faim de soixante jours ou à tricoter des pulls aux conseillers fédéraux de l’époque pour les sensibiliser à son combat. Un éveilleur de conscience, un Guillaume Tell en pagne, un de ceux qui ont permis l’avènement des labels fair trade sur les bois tropicaux que l’on achète en grande surface.
Ses actions éclatantes, ses barricades contre les camions des déforestateurs ou pour empêcher la construction de barrages hydrauliques qui ont englouti des dizaines de villages d’autochtones lui ont valu un statut d’emmerdeur écolo de premier plan. Les autorités malaisiennes ont très vite fait de lui leur tête de Turc. Manser a échappé à quelques arrestations et a dû se cacher longtemps dans la jungle pour échapper à la police et à tous ceux qui voulaient sa peau. En 1990, devant des menaces de mort plus précises, il quittera le Sarawak pour revenir en Suisse tout en continuant son combat.
Il y aura 17 ans le 25 mai prochain que le Suisse Bruno Manser, ami des Penan, a disparu au Sarawak, sur la partie malaisienne de l'île de Bornéo. Photo: Alberto Venzago
Au moment de sa disparition, Bruno venait d’entrer en cachette sur le territoire des Penan et s’apprêtait à gravir le Batu Lawi, leur montagne sacrée. Son corps ne sera jamais retrouvé, ni ses effets personnels, malgré de nombreuses recherches, notamment de sa fondation et d’un journaliste du Tages-Anzeiger qui refera tout son parcours en parlant avec les gens qui l’ont croisé. Son décès sera officiellement annoncé le 10 mars 2005 par les autorités bâloises.
«Il défiait la mort»
«Bruno défiait la mort tous les jours; dans la jungle, il était comme chez lui, rusé, malin, sautant d’arbre en arbre, franchissant les ravins, il a affronté un python à mains nues», se souvient, nostalgique, Mutang Urud, un de ses plus proches compagnons. L’Indien, qui vit aujourd’hui au Canada, est venu présenter au Festival du film et forum international sur les droits humains, à Genève, The Borneo Case, de Dylan Williams et Erik Pauser, un film où l’esprit de Manser souffle encore. Sirotant un Rivella, qu’il appelle «la potion suisse», ce petit homme sourit à l’évocation de cet ancien berger des Grisons devenu son ami mais surtout Robin des Bois tropical par idéalisme.
Lorsqu’il était en Suisse, il dormait dans un hamac. Ici avec son père, sur le balcon de ses parents, à Bâle, en 1992. Photo: Barbara Jaeckli
Même s’il était un peu sceptique, à leur première rencontre, face à ce Blanc qui voulait vivre au contact d’un peuple pur et préservé. «Je trouvais bizarre de quitter sa famille à des milliers de kilomètres pour venir vivre avec nous. Puis j’ai appris à le connaître. C’est devenu mon frère. J’en ai marché des kilomètres avec lui dans la forêt! Il était le secrétaire des Penan, écrivait toutes leurs lettres au gouvernement. On a fait toutes les barricades ensemble. A un moment, Bruno était recherché par la police, il fallait le cacher au plus profond de la jungle. Nous n’étions que quelques-uns à savoir où. Je lui apportais son courrier de Suisse et il me donnait les lettres qu’il écrivait à sa famille.» La dernière, datée du 23 mai, adressée à Charlotte, sa compagne du Jura, qu’elle recevra deux mois plus tard, disait ceci: «Je suis juste arrivé au premier village sur l’autre côté de la frontière, j’ai attendu le soir avant de me faire voir et je vais partir tôt le matin. […] Quand j’arriverai fatigué à un joli endroit, je vais penser à toi, jouir du paysage et me chasser un petit sanglier si j’ai de la chance. […] A bientôt, à la prochaine occasion. Je t’embrasse fort. Bruno.»
Continuer la lutte
Sa mort restera un mystère. «On ne saura jamais, soupire Mutang. Il a pu mourir d’épuisement, il était très fatigué la dernière fois où je l’ai vu. On avait fait du canoë lors d’un voyage au Nunavut et il n’avait plus la force de pagayer au milieu des icebergs. Il a aussi pu être tué par un de ces gangsters à la solde des déforestateurs, nombreux à travailler dans la jungle pour échapper à la prison. Ou alors il s’est laissé mourir de déprime, la contamination des jeunes Penan par la société de consommation l’affectait beaucoup. Certains ont parlé de suicide… Ce qui est sûr, c’est que son souvenir reste gravé en moi, son courage reste un exemple, malgré le fait que je n’oserais jamais prendre autant de risques que lui, j’ai une famille! Récemment, un écologiste qui luttait pour notre cause a été abattu dans mon village natal par deux motards à un feu rouge. Moi-même j’ai toujours beaucoup de monde autour de moi quand je me déplace au Sarawak.»
Il a lancé une pétition pour une Suisse sans bois tropical signée par 30 000 personnes, a tricoté, aidé de Ruth Dreifuss, acquise à la cause, des pulls à tous les conseillers fédéraux durant sa grève de la faim de soixante jours. Photo: Kurt Reichenbach
Mutang est devenu anthropologue, il ne connaît pas son âge exact, à vue d’œil on lui donne la petite cinquantaine. «Je n’ai pas de nom de famille non plus, cela n’existe pas chez nous. Je ne suis pas un Penan mais un Kelabit, la tribu voisine!»
Ils étaient plus de cinq cents spectateurs, l’autre soir à Genève, à assister à la projection de The Borneo Case et les questions ont fusé jusque tard dans la nuit. Ce qui l’a réjoui. «Ce film relate plus de vingt ans de combat et l’état des lieux catastrophique aujourd’hui dans mon pays.»
Traquer l’argent
Aujourd’hui, justement, l’action du Bruno Manser Fonds se focalise, notamment, sur l’aide directe aux peuplades du Sarawak. Constructions de ponts, d’écoles, aide aux populations déplacées, mais surtout une véritable traque financière pour retrouver l’argent de la corruption. C’est la mission de Mutang désormais avec, à ses côtés, d’autres téméraires présentés dans le film. Il a d’ailleurs profité de son séjour genevois pour rencontrer les avocats qui se battent avec eux. Le but ultime? «Nous voulons faire condamner Abdul Taib Mahmud, l’ancien premier ministre du Sarawak, aujourd’hui gouverneur. Nous le soupçonnons d’avoir placé les milliards de la corruption liés à l’exploitation démesurée de la forêt tropicale via les 400 sociétés détenues par sa famille dans 25 pays différents. Nonante pour cent des forêts pluviales du Sarawak ont été détruites sous son règne. Heureusement, grâce à l’impulsion de Lukas Straumann (directeur du BMF), nous luttons désormais avec des moyens modernes. Ce qui n’empêche pas d’utiliser nos techniques de chasseurs, ajoute-t-il l’œil rieur. Encercler l’adversaire, l’isoler, pour pouvoir l’affaiblir et mettre la honte sur son nom!»
Surnommé Laki Penan, «l’homme penan», parce qu’il avait adopté le mode de vie de ses amis indiens avec qui il a vécu six ans, Bruno Manser n’a cessé de faire connaître au monde leur lutte pour la sauvegarde de leur forêt. Photo: Frame/Tait/Sipa
On quitte Mutang au pied du Mur des réformateurs. La quête de pureté de Bruno Manser aurait certainement plu à Calvin dont on lui détaille rapidement le CV. Il hoche la tête. «Malheureusement, la pureté disparaît, il n’y a plus aucun Penan qui soit nomade», glisse-t-il. Un constat qui aurait fendu le cœur de son ami Bruno.