
Entré officiellement en fonctions vendredi 20 janvier, à Washington, Donald Trump est devenu, à 70 ans, le 45e président des Etats-Unis. En images, les moments forts de son intronisation.
Il n’est plus seulement le candidat atypique et seul contre tous qui aura réussi à terrasser les deux plus grandes dynasties politiques américaines, les Bush, puis les Clinton, et à être élu président des Etats-Unis, à la surprise générale, le 7 novembre dernier. Il n’est plus seulement ce président élu mais encore virtuel, contraint de ronger son frein pendant deux mois avant d’entrer en fonctions et tweetant jour après jour ses commentaires, ses agacements et ses indignations. En prêtant serment à Washington, vendredi 20 janvier à midi, sur la terrasse du Capitole face à une foule immense, Donald Trump est devenu désormais, à 70 ans, le 45e président des Etats-Unis. Toujours honni par l’establishment et la quasi-totalité des médias américains, qui ont rêvé jusqu’au bout de le faire trébucher en relayant un rapport anonyme sur ses prétendus liens avec la Russie et ses (non moins prétendues) frasques sexuelles à Moscou, il est l’homme qui détient aujourd’hui les clés du pouvoir américain. La révolution Trump a commencé et elle s’annonce, d’ores et déjà, pleine de bruit et de fureur! Car ce n’est plus seulement un homme seul qui rêve de secouer et de faire renaître l’Amérique, mais tout un gouvernement qui se prépare à travailler et à agir sous ses ordres, c’est toute une machine étatique, celle de la première puissance du monde, qui va tourner à plein régime.

au Freedom Ball. Photo: Getty Images
De la solennité et du glamour, bien sûr, mais aussi de l’ardeur et du punch! Si Donald Trump a voulu délivrer un message, pour sa première journée à la Maison Blanche, c’est bien qu’il n’entendait pas être «un président pour rien», comme Eric Zemmour a pu le dire de François Hollande, mais un président de rupture. Il l’a montré juste après sa prestation de serment en prononçant un discours particulièrement offensif. Au cœur de la capitale américaine qui a voté massivement pour Hillary Clinton, et en présence de ces élites politiques et économiques qu’il n’a cessé d’attaquer et qui le vouent aux gémonies, Donald Trump a annoncé «un transfert du pouvoir non pas simplement d’un parti à l’autre, mais de Washington vers vous, le peuple». Offensif, vibrant, il a évoqué «les mères et les enfants piégés par la misère dans nos villes» ou «le système éducatif qui manque d’argent et empêche les élèves et les étudiants d’accéder au savoir». Il a dénoncé aussi «les politiciens qui prospèrent alors que le peuple porte le fardeau». «A compter de ce jour, a-t-il conclu, une nouvelle vision gouvernera notre nation: l’Amérique d’abord!»

Homme pressé, Donald Trump avait fait savoir, avant son élection, qu’il entendait se mettre au travail immédiatement et qu’il ne prendrait pas la peine d’assister au déjeuner traditionnel au Capitole, après sa prestation de serment, avec l’ensemble des sénateurs et des représentants. Adepte de cet «art of the deal», le titre de son premier livre, il a toutefois changé d’avis et il a participé, tout sourire, à ce rituel solidement ancré dans l’histoire américaine, avant d’assister en famille, devant la Maison Blanche, à une parade traditionnelle: cavalerie, police montée, fanfares militaires.

L’Amérique était-elle au rendez-vous? Combien de gens sur place, avec lui, pour célébrer son entrée à la Maison Blanche? Beaucoup moins qu’il y a huit ans, pour le premier mandat de Barack Obama, mais une foule qui devait avoisiner 800 000 personnes. La bataille de chiffres fait rage, surtout après l’immense succès de la marche des femmes anti-Trump organisée le lendemain, entre les pro et les anti-Trump.
Une visite symbolique
Quoi qu’il en soit, le 45e président s’est mis au travail. Samedi 21 janvier, il a visité le siège de la CIA, à Langley, dans la banlieue de Washington. L’occasion de tourner la page après les tensions dues à la fuite du fameux document sur les liens supposés de Trump avec la Russie. L’occasion aussi pour le président de dire aux agents de la CIA qu’il les soutenait «à 1000%».

Avocat d’un certain isolationnisme, mais soutien affiché d’Israël, Donald Trump a aussi appelé, dimanche 22 janvier, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, un échange qu’il a qualifié de «très bon». Avare de détails, la Maison Blanche s’en tient, pour l’instant, à de prudentes généralités, assurant que les deux dirigeants «sont tombés d’accord pour continuer à échanger leurs points de vue sur une série de questions régionales, notamment les menaces que constitue l’Iran». Après son échec cuisant à faire échouer l’accord sur le nucléaire iranien, le 14 juillet 2015, sous la présidence d’Obama, Netanyahou parviendra-t-il à relancer le jeu avec Trump? Dans son dernier article dans Le Point, Bernard-Henri Lévy imagine pour sa part, un peu intuitivement, que l’homme d’affaires devenu président, pragmatique et cynique, se prépare plutôt à «trahir Israël».